Rencontre avec Mathieu Ricard – Katmandou 7 avril 17
Magie du Népal – Act 1
Voilà 50 ans que Mathieu Ricard est arrivé en Himalaya. A Katmandou, il réside au monastère de Shechen* dans l’enceinte de Bodnath. Nous nous y sommes rendus ce 7 avril 2017 et avons d’emblée été saisis par le message « green » de la peinture murale de l’entrée de ce haut lieu du bouddhisme. Alors qu’il était sur le départ pour Tapeljung Mathieu Ricard a eu la gentillesse de nous recevoir pour une courte entrevue et pour saluer son ami Gérard Clermidy, le président de Montagne et Partage. Une rencontre impromptue de bonne augure pour notre expédition.
*600 moines s’affairent dans ce bastion de la préservation de l’héritage culturel du bouddhisme tibétain. Le monastère est aussi le centre des projets humanitaires de Karuna Shechen, au Népal, au Tibet et en Inde de Mathieu Ricard et son équipe soit plus de 200 projets à ce jour et une aide post tremblement de terre apportée à plus de 200 000 personnes dans 600 villages.
Voici quelques extraits de notre conversation avec Mathieu Ricard
Vous allez sortir un livre sur vos 50 ans passés en Himalaya, vous l’avez donc vu évoluer, les touristes affluer…
Je l’ai vu être peuplé, être déforesté, j’ai vu les glaciers fondre, de nouveaux lacs apparaître là où il n’y en avait pas à cause de la fonte des glaciers, etc. Il y a aussi beaucoup plus de monde, oui.
Tout ce monde laisse des traces, a un impact…
Forcément ça a un coût sur l’environnement mais c’est aussi la pauvreté qui fait que les gens sont obligés de couper les forêts pour faire du feu pour se nourrir. Chaque parcelle de terre est utilisée pour faire de la nourriture donc c’est un pays qui est sous une forte pression écologique du fait de la population, du besoin de nourrir des millions de personnes dans un biotope qui n’est pas forcément favorable à faire vivre autant de personnes.
Everest Green va traiter la problématique des déchets, mais il y a toute une éducation à faire en direction des alpinistes, en direction aussi du peuple népalais qui n’est pas forcément sensibilisé à cette problématique…
Pour ce qui est du tourisme de haute montagne et naturellement des montagnards et des personnes qui font des sommets, il y a quand même eu un changement ; aujourd’hui par exemple on ne coupe plus des arbres pour faire du feu pour les trekkeurs, ils doivent obligatoirement emporter le kérosène et ramener leurs déchets à Katmandu, donc ce qui avait contribué à la déforestation a en partie été mitigée.
Du point de vue de la haute montagne, ça ne concerne qu’un petit nombre de gens et c’est désolant quand les pentes de l’Everest ou d’autres sommets sont souillés par les déchets parce que ce sont des lieux mythiques, mais cela reste malgré tout limité au niveau du pays. Du fait de la difficulté qu’il y a déjà soi-même à arriver à ces altitudes, et quand la vie est en danger, c’est vrai qu’on a tendance à laisser derrière des bouteilles d’oxygène. Mais vu le nombre incroyable de gens qui font le sommet de l’Everest tous les ans c’est vrai que ça finit par faire des montagnes qui sont jonchées de déchets, voir même de personnes qui ont perdu la vie à la montée comme à la descente. Vouloir d’abord éviter ça et puis nettoyer ce qui a été laissé et à tout prix éviter ça dans l’avenir c’est quelque chose qui fait partie de cet ensemble de préservation de la culture bouddhiste.
En entrant au monastère, nous avons été frappée par la peinture murale « save the environment », c’est un des messages du bouddhisme ?
Le Dalaï Lama rappelle la non-violence à l’égard des êtres humains, la non-violence à l’égard des animaux ,donc les autres êtres sensibles dont nous faisons partie, et la non-violence vis-à-vis de l’environnement qui est un concept très fort dans le bouddhisme. Le respect est immense, mais ils ont été pris par surprise par le fait que les déchets d’aujourd’hui ne sont pas biodégradables, il y a donc toute une éducation à faire. Il y a encore un retard du fait économique.
Leur faire prendre conscience que ça n’est pas biodégradable est une approche qui peut porter ses fruits
Oui alors c’est un moyen d’éducation. Dans toutes les écoles que nous avons fondées, nous avons mis en application ce concept, on essaie de l’apprendre aux enfants. Au monastère, on a formé un groupe eco green zero waste, zero déchet. En ce moment, il y a un stand à la sortie du monastère : des moines montrent comment on peut transformer les déchets en plastique pour en faire des objets, mais tout cela c’est un temps court. C’est au niveau de l’éducation qu’il faut intervenir et il faut que ça passe dans la culture, c’est en route. Ils ont encore beaucoup à faire, donc les efforts que vous consentez sont extrêmement nécessaires, méritoires et bienvenus. C’est vrai que ces pays sont très en retard, l’aspect économique rend la chose difficile ainsi que le changement de culture. Ce qu’il y a de bien, c’est que ça part d’un endroit, le Népal, où on respecte la nature. Simplement ils n’ont pas compris la nature des nouveaux matériaux et je crois que ça, ça fait partie de l’éducation, il faut prendre conscience que ces produits non biodégradables deviennent un monceau de déchets.
Notre message, c’est éduquer.
« Vos efforts sont extrêmement nécessaires méritoires et bienvenus », conclut Mathieu Ricard
Interview menée par Sandra Stavo-Debauge
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