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Gérard CLERMIDY
12 juin 2017
BILAN DE L’EXPÉDITION EVEREST GREEN 2017

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BILAN DE L’EXPÉDITION EVEREST GREEN 2017

 

EVEREST GREEN 2017 BY MONTAGNE & PARTAGE

Problématique des déchets sur l’Everest. Bilan de l’opération de nettoyage et perspectives.

 

SAUVONS L’EVEREST…

 

Remarque préliminaire :

L’Association humanitaire Française MONTAGNE & Partage a conduit du 5 avril au 29 mai 2017, une vaste opération de dépollution de l’Everest (Côté népalais, entre 5300 mètres d’altitude au camp de base jusqu’à près de 8000 mètres au col sud), amenant les constats et esquisses de solutions ci-après :

 

Constat :

La situation des déchets déposés par les hommes, et qui s’amoncellent sur l’Everest depuis des années d’expéditions commerciales sur la plus haute montagne du monde, est pire que jamais.

L’Everest mérite tristement et plus que jamais le titre peu enviable de plus haute poubelle du monde.

L’expédition de dépollution de l’itinéraire classique de l’Everest menée au printemps 2017 par Montagne & Partage a confirmé les craintes les plus pessimistes. Alors que la saison précédente d’expéditions sur l’Everest s’était déroulée sans incidents de force majeure impliquant le retrait prématuré des alpinistes, comme en 2014 (Chute de sérac dans l’icefall avec la mort de 16 Sherpas népalais) et en 2015 (Séisme du 25 avril entrainant la mort de 19 personnes au camp de base), on pouvait s’attendre à trouver une situation environnementale  relativement stable au camp de base et dans les camps supérieurs. La réalité de la situation qu’on a trouvée au printemps 2017 a dépassé toutes nos prévisions.

S’appuyant sur une logistique importante et sur une équipe de 16 Sherpas, dont 10 plus spécialement dédiés à la collecte des déchets, Everest Green a ainsi collecté plus de 5,2 tonnes de déchets de toute nature, répartis pour 2/3 au camp de base et 1/3 dans les camps supérieurs. Fred DELLOYE, vice-président de Montagne & Partage a assuré la coordination de la collecte au-dessus de la cascade de glace, tandis que Gérard CLERMIDY, président de l’association gérait l’ensemble du projet depuis le camp de base, avec l’appui indéfectible de son ami népalais de longue date Pemba SHERPA.

 

Nous avons tout d’abord été très surpris par l’énorme quantité de déchets rejetés par la cascade de glace et récupérés au pied du passage obligé et périlleux qui conduit aux camps supérieurs. Une quantité importante de débris d’échelles en aluminium et des kilomètres de cordes fixes usagées en nylon a ainsi pu être récupérée, apportant le témoignage édifiant que le S.P.C.C (Sagarmatha Pollution Control Center) qui a la charge d’équiper la cascade de glace et d’en garantir autant que faire se peut un accès sécurisé (Contre une rémunération obligatoire de 600 $ par alpiniste) n’a pas tout à fait rempli la mission qui lui est aussi dévolue de nettoyer la cascade de glace en fin de campagne.

 

On s’attendait ce printemps à trouver une situation dégradée et très polluée au camp 2 à 6400 mètres d’altitude car celui-ci sert de camp de base avancé dans la progression vers le sommet, et les alpinistes y passent souvent beaucoup de temps en acclimatation. Nous n’avons pas été déçus. Mais quelle ne fut pas notre surprise de constater ce qui n’existait pas les années précédentes que le camp 4 au col sud à près de 8000 mètres d’altitude soit devenu à son tour un vaste champ d’immondices, où il devient de plus en plus difficile de trouver un espace intact de toute pollution pour poser une tente, servant de point d’ancrage pour le summit push. On en arrive à la triste conclusion que le sommet conquis (ou pas), les alpinistes et leurs associés népalais ne prennent plus le soin de nettoyer le camp 4 après leur court passage, chacun ayant à l’esprit de vite rejoindre des altitudes inférieures plus clémentes. Certaines agences népalaises, support incontournable des expéditions sur l’Everest, ont pris le parti pour des raisons financières d’y mettre des vielles tentes sachant pertinemment à l’avance qu’ils ne les récupéreront pas, tout comme réchauds et cartouches de gaz. La situation des bouteilles d’oxygène vides de nouvelle génération  s’est réglée d’elle-même  en ce sens qu’elles représentent une valeur marchande consignée de 100 $ par bouteille, et ainsi elles sont tout naturellement ramenées par les agences népalaises pour récupérer au retour à Katmandu le pécule qu’elles représentent. Ah ! si tous les déchets avaient la même valeur ! Les seules bouteilles retrouvées sont soit plus anciennes, soit altérées par les agressions du temps.

 

En conclusion, la situation des déchets sur l’Everest devient des plus alarmistes, et si des mesures fortes incitatives, voire coercitives de sont pas prises très rapidement, on va droit dans le mur à cause de la fréquentation en plein développement. On a compté ce printemps 2017, 59 expéditions pour le Lhotse, le Nuptse et l’Everest, représentant plus de 753 permis d’ascension délivrés. On peut estimer avec l’encadrement népalais qu’il y avait entre 2200 et 2500 personnes au camp de base commun de l’Everest ce printemps. On n’est plus dans une problématique isolée mais dans celle d’un village éphémère, sans qu’aucune organisation efficace et structurée ne soit mise en place pour garantir le respect et l’équilibre écologique du site.

 

Typologie des déchets collectés :

Les 5,2 tonnes de déchets collectés par Everest Green ont été scrupuleusement analysés, sachant qu’ils constituent une réalité objective et que leur connaissance peut apporter des éléments intéressants en vue de solutions futures à trouver.

Tout d’abord, les 2 /3 de ces déchets (Environ 3 tonnes) étaient non bio dégradables, donc non digérables par la montagne, mais recyclables si l’on se donne la peine de mettre en place un processus de transport jusqu’à une usine de traitement et de transformation. Signalons en la matière qu’il n’existe pour un pays de près de 30 millions d’habitants comme le Népal, aucun usine  de traitement des déchets. Si transformation il y a, cela doit se concevoir avec le pays voisin l’Inde…

Ces déchets recyclables étaient constitués de débris d’échelles en aluminium, de pieux à neige, d’arceaux et de sardines de tentes, de boites de conserve alimentaire, de cannettes de boissons, d’ustensiles de cuisine, de bouteilles d’oxygène, de nombreuse cartouches de gaz, parfois pleines, et d’objets aussi hétéroclites que divers : matériel radio, bâtons de ski, débris de skis, crampons, lampes, etc. Sur le plan anecdotique, on a retrouvé des restes d’un hélicoptère russe qui s’est scratché dans les années 2000, en particulier le compte tours.

Tous ces déchets ont été acheminés par nos soins, d’abord par yaks (Plus de 50 yaks mobilisés en tout) jusqu’à Syangboché (Entre Namche et Khumjung), puis par gros hélicoptère russe jusqu’à Paphlu (Solu Khumbu), et ensuite par camion jusqu’à Katmandu, où ils ont été remis à un trader en métaux qui les a envoyés dans la Province du Bihar en Inde pour être recyclés.

 

L’autre tiers des déchets collectés, eux aussi non bio dégradables, avaient vocation à être récupérés par le S.P.C.C contre rémunération de 3 $ le kilo !!!, et incinérés en vallée dans un incinérateur  à Namche Bazar. Selon nos informations, cet incinérateur est en panne depuis les séismes de 2015…, et il y a fort à parier que ces déchets soient brulés dans de vastes décharges à ciel ouvert, les effluents et gaz de combustion ayant un effet nocif sur les populations riveraines. On déplace le problème…mais des gens s’enrichissent au passage.

Ces déchets étaient constitués principalement de cordes en nylon, de toiles de tentes entières ou en lambeaux, de vêtements, de chaussures usagées, de petits objets divers en plastique, de bouteilles en plastique, d’emballages alimentaires et pharmaceutiques, de cartons, etc.

 

Une catégorie de déchets connus pour leur dangerosité a été isolée. Il s’agit des piles au lithium et des batteries de toute nature, l’une d’entre elle libérée de son acide pesant plus de 16 kilos. En tout, c’est plus de 25 kilos de ces déchets hautement nocifs qui ont été extraits de la montagne, et rapatriés vers la France pour être sûrs qu’ils finiront bien dans un centre de recyclage approprié.

 

Enfin, Montagne & Partage a apporté la preuve lors de l’expédition Everest Green 2017 qu’il est possible de grimper propre. Notre équipe constituée de 23 personnes pour un séjour en altitude de plus de 40 jours a ramené tous ses déchets (Evalués à 1075 g par jour et par personne), les a transportés et recyclés. Tout cela est possible s’il on a une conscience environnementale forte, et si l’on se donne les moyens humains et financiers de redescendre ses déchets.

 

Esquisses de responsabilités et de solutions :

Il s’agit bien sûr de ne pas stigmatiser plus une catégorie qu’une autre, mais plus de comprendre les ressorts de comportements aussi peu vertueux sur l’Everest, et d’essayer d’apporter notre contribution au débat afin de faire bouger les lignes.

 

La situation de la pollution et des déchets sur la plus haute montagne du monde relève en premier lieu de comportements humains individuels, venant d’alpinistes étrangers en nombre de plus en plus élevé malgré les coûts exorbitants qu’il faut engager dans une expédition commerciale sur l’Everest (Entre 30 000 et 100 000 $ par personne selon les agences et la qualité des prestations fournies…). A priori, de telles conduites peuvent surprendre venant de personnes éduquées, normalement attachées à la préservation et au respect du milieu montagnard. On a comme l’impression qu’en ayant dépensé beaucoup d’argent pour vivre le rêve de toute une vie, certains, pour ne pas dire une majorité, n’ont qu’une obsession, celle du sommet, et ont délégué leur responsabilité environnementale aux agences népalaises qu’ils ont rémunérées.

Il faut croire que l’hypoxie altère les comportements, mais l’explication  a vite ses limites…

 

Les Sherpas et autres travailleurs d’altitude, et certaines agences népalaises qui les emploient, ont aussi une part de responsabilité dans la situation actuelle de l’Everest. Sans vouloir les dédouaner, ces populations ont un rapport différent du nôtre à la question des déchets. Ils sont dépositaires d’une culture qui les a vu passer sans transition d’une période quasi médiévale, où tout ce qu’ils rejetaient dans la nature était bio dégradable, à une société consumériste moderne qui a vu l’apparition en masse du plastique et autres polluants chimiques. Aussi, il apparait primordial de développer par la formation, leur conscience environnementale en leur enseignant les bonnes pratiques. Cette sensibilisation peut passer par l’exemplarité donnée par les responsables des communautés religieuses, aussi bien hindouistes que bouddhistes, qui semblent se préoccuper du respect de la nature, composante incontournable de la vie. Ceci dit, le comportement des Sherpas en première ligne car c’est eux qui portent et assistent les grimpeurs, est aussi dicté par des considérations économiques, leur présence dans les expéditions commerciales sur l’Everest, comme sur les autre sommets d’ailleurs, répondant à des motivations exclusivement financières. Ils sont devenus en quelque sorte les maitres du jeu, et leurs exigences financières sont devenues sans limites, allant de bonus sommet, de bonus col sud (C’est nouveau…), à des bonus pour redescendre tentes, matériels et autres. Faute de recevoir ces rémunérations complémentaires à leur salaire de base déjà élevé pour le pays (Entre 5000 et 7000 $), les matériels et déchets sont laissés dans les camps supérieurs, créant une nouvelle et incontrôlée pollution d’altitude, dont on peut imaginer les conséquences à long terme...C’est à ce niveau-là aussi qu’entrent dans le jeu les agences népalaises dites low cost, qui n’ont pas prévu dans leur budget des sommes allouées à la récupération des matériels, des déchets, à leur transport et à leur recyclage. Donc, on laisse tout dans la montagne, dans les crevasses ou dans quelques trous providentiels du glacier du Khumbu…

 

Enfin, il convient de mettre en exergue, la part de responsabilité incombant aux responsables politiques gouvernementaux du Népal, en charge du développement touristique et de l’environnement. Il faut absolument et rapidement que ces responsables prennent toute la mesure de l’acuité et de l’importance de la question des déchets sur l’Everest, comme sur les autres sommets d’ailleurs. On pourrait penser à priori que pour un pays aussi pauvre que le Népal, il s’agit d’un problème financier. Pour l’Everest, le problème n’est pas financier mais politique au sens noble du terme. Rappelons à toutes fins utiles que le Gouvernement népalais à travers le MoT (Ministry of Tourism) perçoit de substantielles royalities lors de l’émission des permis d’ascension d’un coût unitaire de 11 000 $ par postulant à l’ascension de l’Everest. Plus de 700 permis ont été émis en 2017…En année moyenne, rapportée à 500 permis émis, cela constituerait une manne de plus de 5,5 Millions de $. Imaginez seulement 10% de cette manne consacrée à redonner à l’Everest sa pureté originelle. Le projet Everest Green a prouvé  à son niveau que cet objectif est tout à fait réalisable, dès lors qu’il relève d’une volonté politique forte et d’un contrôle strict des sommes allouées à la dépollution. Ces ressources ne prennent pas en compte le prix à payer pour l’Officier de liaison, à savoir 3500 $ par expédition, alors qu’on n’en pratiquement vu aucun sur place, alors qu’ils pourraient jouer un rôle imminent dans le contrôle et la gestion des déchets. Sans oublier les 45 000 $ de caution laissée par chaque expédition lors de l’émission des permis d’ascension, caution rendue si chaque expédition prouve que chacun de ces membres a bien redescendu 8 kilos de déchets par personne. Impossible à vérifier au retour à Katmandu, basée sur des règles peu claires, cette disposition sert surtout d’outil à de petites manœuvres peu avouables, mais dont le pays souffre terriblement.

En plus d’être devenu la plus haute poubelle du monde, l’Everest ne serait-il pas devenu une formidable boite à fric, qui pour reprendre les récents propos du célèbre himalayiste Messner, s’offre de plus en plus à des touristes fortunés qu’à de réels alpinistes ?

 

Décidément, le Népal n’est pas un pays comme les autres. Disposant avec l’Everest d’un formidable atout de développement touristique, comment le Népal peut-il accepter que l’image de ce symbole soit ternie par une gestion catastrophique de la question des déchets et de la pollution?

 

Fort de sa récente expérience de dépollution de l’Everest, Montagne & Partage s’est forgé quelques convictions, toutes basées sur la réalité du terrain et ponctuées d’échanges avec toutes les communautés concernées. La question est certes complexe, mais des solutions rapides sont possibles. Lors de rencontres menées à notre retour d’expédition  à l’initiative de l’Ambassade de France au Népal, de nombreux journalistes ont relayé nos préoccupations en les défendant, et de hauts responsables du Ministère du Tourisme et de l’Environnement ont demandé à recevoir nos recommandations. Le film éponyme réalisé par Jean-Michel JORDA à l’occasion du projet Everest Green, et produit par la Société Lyonnaise Block 8 production devrait lui aussi aider à porter avec force ce message. Les lignes bougent. Les consciences s’éveillent. Puissent-elles passer de l’éveil à l’action ? Montagne & Partage aura apporté à sa façon une modeste contribution à un problème environnemental aigu sur l’Everest, qui trouve malheureusement son prolongement à toute l’échelle du pays. Le Népal qui a signé les accords de Paris lors de la COP 21 doit vraiment prendre à bras le corps la problématique globale de la pollution endémique du pays et de la gestion des déchets avant que ne cela devienne un réel problème de santé publique, où malheureusement les plus pauvres et les plus démunis paieront le prix fort.

 

Le 31 mai 2017

 

Gérard CLERMIDY

Président de MONTAGNE & PARTAGE

Contact : gerardclermidy@wanadoo.fr

Tél : 06.07.47.29.35

 

 

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